Enfants clowns ou pantins d'eux même ?

Il était une fois, dans la même cour d'école, d'une école de ce pays, trois enfants qui passaient tout leur temps à " faire le clown ". Comme disait l'instituteur aux parents : Ils ne savent faire que ça !

Je ne sais si vous le savez, dans un enfant qui fait le clown, il y a deux enfants qui se cachent : un enfant triste et un enfant joyeux ou apparemment joyeux, qui sert justement à cacher l'enfant triste.

Vous allez me demander, car votre curiosité est insatiable : " D'où vient-elle cette tristesse qu'il y a chez l'enfant clown ? Qui fait des bêtises pour faire rires les autres ? "

Parce que, vous l'avez remarqué, l'enfant clown ne rit pas tellement au fond, il fait rire les autres, ça oui ! Ça fait même rire l'institutrice ou l'instituteur, mais pas toujours !

D'accord, un enfant clown, dit des choses drôles, sait mimer, sait jouer avec les mots, sait faire le chat ou imiter un éléphant qui dort, ou le directeur qui vient rappeler d'une voix grave et désolé qu'après avoir fait caca il faut tirer la chasse d'eau....... " ou que " ça ne sert à rien de chauffer une e si on laisse ouvertes les fenêtres de cette même e.... ".

Mais ne nous égarons pas. Vous m'avez bien demandé d'où vient cette tristesse qu'il y a chez l'enfant triste qui fait le clown ? D'abord, je dois vous dire qu'elle vient de très loin. En fait, du fin fond de son enfance.

Pour Paul, par exemple, qui fait toujours le clown en se moquant des manières des autres, imitant tout ce qui passe à sa portée. Comment sait-il, cet enfant clown, que son père était un enfant triste ? Silencieux, toujours au bord des pleurs, replié sur lui-même .......même si aujourd'hui son papa est capable de " casser la gueule à n'importe qui " hein !?

Et Georges, un autre enfant clown, comment sait-il que sa maman a vécu il y a très longtemps une grande tristesse dont elle n'a jamais parlé ? Que Georges a bien entendue.... en faisant justement le clown.

Et pour le troisième de la bande, comment a-t-il deviné qu'il n'avait pas le droit d'être triste, qu'il devait toujours faire comme si tout allait bien ? A qui ferait-il de la peine s'il osait être triste ?

Ce qui est sûr, voyez-vous, c'est qu'aucun de ces trois enfants clowns n'a jamais eu de témoignages de la part de l'un ou l'autre de ses parents... Et cependant, chacun à sa façon a entendu et tente de dire l'indicible.

Là où des enseignants, des parents ne voient qu'un garnement faisant le pitre, il y a toujours un enfant méconnu, masqué, qui tente de révéler le possible d'une autre réalité.

Jacques Salomé

Tellement vrai... et si rien n'est fait cette situation se prolonge au-delà de l'enfance, au-delà de l'adolescence et même à l'âge adulte. Ce clown qui vit en nous a su gagner sa place et la conserve du mieux qu'il peut. Finalement on est pas ce qu'on est ou du moins pas à entièrement et cela peut faire peur surtout à soi même. Devient on ce clown? Est on nous même? Mais finalement qui sommes nous ?

Paraître, toujours paraître pour le bien d'autrui et non pour soi.

Mais comment dire à ce clown de prendre sa retraite? Comment imaginer des moments sans lui?  Comment comprendre ce qu'il essaie de dire? Difficile de lâcher ces fils...

C'est tellement fatigant qu'il y a des moments ou on baisse les bras, si bas qu'ils deviennent lourds à relever. On a alors le choix, forcer un peu ou rester en bas....en ce moment cette force n'est plus.... pas pour longtemps... je sais !

Comments

[Creamy]

Idem, ce texte me parle trop...

[choupanenette]

mais je crois que cela devient ensuite une seconde nature et que l'on ne peut plus s'en débarasser. C'est aussi une "façade" pour se protéger, pour ne pas laisser voir ses faiblesses. L'année passée je suis descendue très très bas, et on m'a dit un jour "quand tu es au fond tu n'as plus qu'une solution, c'est remontée ou périr" FAUX ! j'ai creusé ! Courage. Bisous

[Thiof]

L'incompréhension des adultes face aux souffrances de l'enfant est quelque chose que je trouve de particulièrement révoltant !
Je crois que tous, nous y avons été confronté.

Nous sommes fait par notre passé mais je crois que nous pouvons devenir ce que nous choisissons d'être.

Quand les bras deviennent trop lourd , on se repose et on repart ensuite de plus belle.

L'équilibre doit venir entre paraître ce que l'on attend de vous dans son milieu professionnel et être soi dans le reste de la vie.

Il y une solution à tout problème ou alors, il n'y a pas de problème!

Salomé est quelqu'un de très intéressant, mais je ne suis pas certain qu'il soit suffisamment marrant pour passer une soirée avec lui.

Marrant et un peu bête, c'est bon pour l'équilibre !

[Karleman]

Très beau texte et excellent complément de texte. Je reste sans voix. Tu as très bien vu les choses.
Bises