Larmes de crocodile
Il y a longtemps, très longtemps… Peut-être même qu’il n’y avait pas encore d’hommes sur terre…
En Afrique vivait une famille de crocodiles au fond des eaux .C’étaient de gros poissons blancs qui nageaient, heureux. Mais
depuis quelque temps leurs nageoires ventrales se durcissaient, se
transformaient en une sorte de grosse pelle ! Papa et Maman leur
disaient que c’était très joli, que ces quatre nageoires leur faisaient
de belles rames pour naviguer sous l’eau.
Crocodilus, le petit
dernier, cherchait l’aventure et malgré les interdictions il
s’approchait de plus en plus près du bord .Un jour il touche le sol et
sort la tête.
Ouah !!! Quelle merveille ! Des arbres ! Des fleurs !
Est-ce possible un monde pareil !
Avec ses drôles de nageoires il
s’appuie et traîne son gros corps un peu plus haut. Bizarre cet air qui
gonfle dans sa poitrine ! On peut donc respirer ici ! Wouf ,ça me fait
peur ! Vite il retourne dans l’eau .
Et chaque jour Crocodilus
recommence cette expérience de plus en plus loin, en cachette de ses
parents. Voilà qu’aujourd’hui il n’en croit pas ses yeux : pour la
première fois il voit un oiseau multicolore …
- Qui es-tu ?
- Je suis un oiseau et toi ?
- Je suis un poisson.
- Un poisson sur le sable ?
- Oui ! Depuis quelques jours j’ai des pattes…
- Et pas d’ailes ?
Et l’oiseau virevolte au-dessus de Crocodilus, ébahi.
- Comment est-ce possible ?
- Je
ne sais pas, mais je crois que c’est le soleil qui me donne mes plumes
et mes couleurs. C’est pour le trouver que nous venons ici chaque année, car chez nous c’est l’hiver et maman dit que nous ne pourrions plus
vivre sans le soleil .
Crocodilus va vite raconter tout cela à ses frères, sœurs, cousins et cousines.
Le lendemain ils sont tous à venir traîner leur gros ventre sur la rive pour admirer ces oiseaux.
- Nous savons marcher, il nous faut voler maintenant ! Restons au soleil et les ailes nous viendrons !
Des
journées entières ils sont restés au soleil. Leur peau craquelait,
leurs écailles gonflaient et durcissaient, ils souffraient mais
espéraient toujours ce miracle : des ailes !
Dans leur cerveau
reptilien cette obsession s’est fixée et transmis de père en fils, de
mère en fille Le seul résultat de tous ces efforts c’est actuellement
cette peau de cuir dur…
Les oiseaux qui reviennent une fois par an se moquent de cette carapace brunâtre !!!
Les crocodiles sont vexés et sont devenus irascibles ! Ne t’approche pas d’eux... ils veulent se venger de tout ce qui est beau!
Encore maintenant on les voit se dorer pendant des heures au soleil…mais…pas d’ailes!
Alors ils pleurent …des larmes de crocodile !!!
A toi de trouver la morale de cette histoire …
Conte Africain - Auteur inconnu